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L’éclairage dans les résidences royales

La lumière n’est pas seulement indispensable à la contemplation des décors et des collections qui ornent les palais, châteaux-musées et demeures historiques. Elle fait partie de l’objet considéré car elle en crée l’atmosphère, et bien souvent l’architecture et les décors ont été conçus en fonction de leur réponse à la lumière. Des petits cabinets de miroirs à la Galerie des glaces de Versailles, la lumière est mise en scène. L’ouverture sur le paysage est également essentielle à l’expérience de visite de la plupart des résidences, s’opposant à l’occultation des fenêtres.

Nos dispositifs d’éclairage posent des problèmes très complexes parce qu’ils doivent répondre à des contraintes multiples :

– Contradiction entre l’éclairage et la conservation des collections.

Qu’il s’agisse de lumière naturelle ou artificielle, elle a une action destructrice sur de nombreux matériaux. Il faut donc s’interroger sur les exigences spécifiques de chaque objet et imaginer dans certains des éclairages sélectifs, des interruptions en l’absence du public, des caches. Très souvent des ensembles décoratifs historiques qui ne peuvent être dissociés comprennent à la fois des éléments devant être bien éclairés (peintures ou sculptures par exemple) et des matériaux ultra-sensibles (textiles, laques etc.). La gestion de l’éclairage naturel peut faire l’objet d’innovations, des filtres UV aux stores et procédés divers d’occultation. Dans tous ces domaines la recherche en conservation préventive permet d’affiner les préconisations et de remettre en cause certaines idées reçues.

– Fidélité aux atmosphères de l’ère pré-électrique

L’un des grands défis de l’éclairage moderne dans les demeures historiques est l’évocation de l’éclairage à la bougie. Les ampoules employées dans les luminaires ont longtemps été d’une médiocrité effrayante et les progrès en la matière sont lents. Un point sur les avancées technologiques et les choix esthétiques sera particulièrement utile. La question se pose aussi de l’usage exclusif de sources historiques (lustres, bras de lumière, girandoles etc.) ou de la présence de matériel moderne, plus ou moins dissimulé, en complément (spots, rampes de leds). Une autre question intéressante est l’option du renoncement total à l’électricité dans certains espaces afin de préserver une expérience plus authentique, ce qui limite fortement les conditions de visite (horaires, saisons…).

La lumière est aussi un sujet d’étude historique. Il serait très utile de synthétiser les connaissances des résidences historiques sur l’évolution de leurs systèmes d’éclairage au fil du temps : pratiques, exigences et niveaux de consommation selon les époques, types de luminaires, chandelles, huile, gaz, électricité, inventions ayant eu une influence sur le vocabulaire décoratif. Plusieurs palais français ont travaillé par exemple sur la restitution des quinquets ou des lampes Carcel mises au point en 1800 et massivement employées dans la première moitié du XIXe siècle.

La qualité de vision d’un environnement est une notion très subjective et l’expérience diffère fortement d’un visiteur à l’autre. Peu d’enquêtes ont été consacrées à ce sujet. Le niveau d’éclairement influe sur la précision de la vision et son renforcement compense par exemple la myopie ; l’utilisation de jumelles, étrangement peu promue dans les demeures historiques, outre qu’elle permet d’apprécier les détails éloignés, permet une excellente vision y compris sur des objets peu éclairés. D’autres méthodes sont peut-être à imaginer pour améliorer l’expérience en éclairage réduit. Enfin il pourrait être utile d’échanger sur les réglementations en matière d’éclairage de sécurité, qui peuvent être très intrusives dans nos espaces historiques.

L’ampleur du sujet nous incite à proposer de concentrer cette réunion sur l’éclairage intérieur et de garder pour une autre occasion la question de l’extérieur, de l’éclairage architectural et des jardins, des fêtes et événements nocturnes.